Veille #5 Environnement Ville Société

Arbre qui a poussé dans un silo à grain abandonné à Wewoka (Oklahoma, Etats-Unis), mai 2020 © runswithjello

Octobre 2024 – Une sélection pluridisciplinaire d’articles scientifiques et généralistes de l’actualité qui contribuent à l’analyse des dynamiques et des enjeux de changement entre environnement, ville et société.

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Faire territoire, faire société

Entretien avec Michel Lussault à propos de son nouvel ouvrage Cohabitons ! Pour une nouvelle urbanité terrestre («La Couleur des idées», Seuil) : «Nos mégapoles sont shootées aux flux financiers, mais leurs modèles sont insoutenables» (Libération, 18/10/2024).

« 70 ans de chiffrages des besoins en logements : Trajectoire d’un indicateur controversé de la politique du logement en France ». « A l’heure où la transition écologique vient nous réinterroger collectivement sur la manière de penser, d’estimer, de planifier ou encore de répondre aux besoins en logements, l’Union sociale pour l’habitat et le PUCA publient le rapport réalisé par les chercheurs Alexandre Coulondre et Claire Juillard sur les chiffrages des besoins en logements en France depuis la Seconde Guerre mondiale. Un retour historique et socio-politique qui éclaire grandement le pilotage des politiques du logement et ses instruments » (Panoramas n°16, 24/09/2024).

« Le camping : une solution face à la crise du logement ? ». « Aujourd’hui en France, plus de 100 000 personnes vivraient dans des campings à l’année. Filet de sécurité, opportunité d’accéder à la propriété ou syndrome d’un déclassement social, le camping résidentiel prend des significations diverses, étroitement liées à une crise du logement qui s’aggrave. Les politiques récentes, loin d’apporter des solutions, risquent d’exacerber la situation » (AOC, 12/09/2024).

« Ce que l’urbain fait au rural ». « A l’heure du triomphe de la ville, la ruralité s’affiche comme un espace où coexistent résignations et résistances, conservatismes et créativités politiques. Un espace qui continue d’être mis en question, dans ses pratiques et ses valeurs, par différents acteurs sociaux et économiques issus de la ville et plus généralement par les prédations capitalistes. Ce numéro interroge les relations ambivalentes du rural et de l’urbain au prisme du politique, du social, de l’anthropologique et du sensible… » (Dérivations n°9, septembre 2024).

« Des territoires pour tous les âges ». « Comme les enfants, les aînés sont souvent perçus à l’aune de leur incapacité et de leur vulnérabilité supposées. Angélique Giacomini invite à repenser les territoires pour favoriser le vieillissement en bonne santé physique et mentale, et à mieux intégrer la parole et l’expertise des aînés dans leur fabrique » (Métropolitiques, 15/07/2024).

Socio-écosystèmes

🎧 « Les Dessous des Forêts Tropicales », un podcast de l’unité de recherche Forêts et Sociétés du Cirad. « Plongez dans le monde fascinant des forêts tropicales, où interactions complexes entre végétaux, animaux et micro-organismes révèlent des enjeux cruciaux pour nos sociétés face aux défis climatiques. À l’occasion des 40 ans du CIRAD, l’unité de recherche Forêts et Sociétés vous propose une série de podcasts qui explore les pratiques de gestion durable des ressources forestières et leur impact sur le bien-être des populations rurales. Découvrez l’évolution des outils de gestion des forêts tropicales au cours des dernières décennies, avec un accent sur la foresterie, le changement climatique, la déforestation et les innovations nécessaires pour un avenir durable » (Cirad, 04/10/2024).

« Forêt et finance : la fin des bons pères de famille » : « Que reste-t-il la figure du propriétaire forestier, gestionnaire « en bon père de famille » de l’exploitation raisonnée de ses terres ? Plus grand chose, assurément. Aujourd’hui, les fonds d’investissement s’allient aux propriétaires les plus fortunés pour capter la rente forestière, au détriment des petits propriétaires comme des impératifs écologiques actuels » (AOC, 03/10/2024).

« Géopolitique du dérèglement climatique en France et en Europe ». « Ce numéro aborde la question du dérèglement climatique par ses conséquences géopolitiques en France et dans d’autres États européens. Alors que ses effets négatifs sont clairement perceptibles (tempêtes, incendies, inondations, érosion littorale) et devraient entraîner l’adhésion des citoyens aux mesures indispensables pour les limiter, il apparaît au contraire que celle-ci est de plus en plus difficile à obtenir. Le succès des partis hostiles au Pacte vert européen en est la confirmation. Des études de cas précises, tant des risques que des conflits liés au dérèglement climatique, permettent de comprendre la diversité des situations et des difficultés rencontrées pour mobiliser les citoyens » (Hérodote, 3^ème trimestre 2024, N°194).

Le Sabin Center for Climate Change Law de l’Université Columbia publie une cartographie des contentieux climatiques dans les pays du Sud global. « Alors que l’intérêt de la recherche s’est principalement porté sur les affaires provenant des pays du Nord, l’attention portée aux litiges émanant du Sud global a été plus limitée. Il est pourtant essentiel de comprendre les fondements juridiques distincts, les solutions recherchées et les objectifs des plaignant·es dans le Sud ». A partir des bases de données du Sabin Center’s Global Climate Change Litigation, le rapport « analyse des indicateurs clés tels que le nombre de dossiers, les statuts, les trajectoires et les décisions juridiques, le rapport propose des analyses concises des litiges liés au climat dans chaque juridiction » (Columbia Law School, juin 2024).

Flux et circulations – Matières, énergie, déchets et territoires

« Ethnographier la mondialisation ». « T-shirt made in Asia, livraison Amazon en 24 h, pétrole russe à la pompe du coin, autant d’exemples qui alimentent l’image d’une mondialisation fluide et sans accroc. Mais cette fluidité n’est qu’une illusion et la mondialisation, un ensemble de frictions locales sans cesse négociées par les multinationales. Dans le cas des entreprises fossiles, ces frictions pourraient dégénérer en véritables conflits à l’heure de la transition écologique » (AOC, 15/10/2024).

« Le béton, matériau extraterrestre ». « Polluant et destructeur, le béton n’en continue pas moins de recouvrir le monde. Mauvaise presse, le béton ? Il fait en tout cas l’objet d’une série de livres passionnants qui analysent le succès de ce matériau aussi omniprésent que catastrophique. Dans cette recension croisée, François Jarrige met en regard pas moins de quatre ouvrages récents » (Terrestres, 30/09/2024).

Global Energy Monitor publie une cartographie des émetteurs mondiaux de méthane. « Le Global Methane Emitters Tracker (GMET) donne des estimations des émissions de combustibles fossiles sur les sites d’extraction de pétrole, de gaz et de charbon, les pipelines de transport de gaz naturel, les projets prévus et les réserves, ainsi que l’attribution des panaches de méthane télédétectés » (Global Energy Monitor, septembre 2024).

« Les sites sacrifiés à l’heure de l’Anthropocène. Le cas du pôle pétrochimique de Syracuse ». « La notion de sacrifice recouvre de manière transversale plusieurs dimensions de la question environnementale. Spatialiser des processus qui, dans des formes et des modalités variables, comportent la dégradation de l’environnement et de la santé, est une opération qui ouvre des perspectives variées nécessitant l’emploi d’approches multiscalaires et transdisciplinaires. Au fond l’urgence climatique n’est rien d’autre qu’une déterritorialisation de la problématique environnementale qui désormais agit sur des échelles spatiales et temporelles inouïes. Le paradoxe serait alors celui d’une humanité qui sacrifie ses espaces de vie – et elle-même – au nom de son propre bien-être » (Annales de géographie, 2024/4, n°758).

Santé et environnements

« La France menacée d’une épidémie de dengue ». « Selon un rapport de l’Anses, la probabilité d’une épidémie d’arbovirose dans l’Hexagone lors des cinq prochaines années est très élevée, alors qu’un record de 78 cas autochtones de dengue a été enregistré cette année. Le réchauffement climatique a de multiples conséquences sur la période d’activité du moustique, qui s’étend de plus en plus tout au long de l’année en l’absence de gelées, mais aussi sur la zone géographique favorable à son bon développement, dont la limite remonte vers le nord. Des températures plus élevées accélèrent également le métabolisme des moustiques, ce qui a pour conséquence d’écourter le délai avant qu’ils deviennent infectieux, tout comme la période nécessaire au développement des larves. Bref, si le moustique-tigre est arrivé pour la première fois en France en 2004 à Menton, il a, depuis, colonisé toutes les régions de l’Hexagone » (Le Monde, 16/10/2024).

Transports et qualité de l’air : Ile-de-France Mobilités et Airparif cartographient la pollution de l’air dans l’ensemble des stations de métro et de RER souterraines de Paris et sa proche banlieue. « Les émissions venant des plaquettes de frein des trains sont une des principales origines de l’empoussièrement dans les stations » (Libération, 15/10/2024). Du côté du transport automobile, l’association Agir pour l’environnement publie une enquête sur la pollution aux particules fines générée par l’abrasion des pneus : « Les pneus nous pompent l’air ». « Sur la durée de vie d’une voiture, l’usure des pneus va générer, selon les modèles, entre 17 et 40 kilogrammes de particules de plastiques et autres additifs, soit entre 65 et 151 mg de gomme perdue pour chaque kilomètre effectué » (Agir pour l’environnement, 14/10/2024).

« La santé, un argument plus porteur que l’écologie pour verdir les villes ? ». « L’urbanisme favorable à la santé est une démarche qui permet d’aboutir à un choix d’aménagement qui va réduire l’exposition des populations à ce qui nuit à leur santé et leur bien-être, et qui va au contraire maximiser tout ce qui leur fait du bien, en veillant à diminuer les inégalités sociales. L’argument de la santé et du bien-être, parce qu’il touche tout le monde, peut être plus mobilisateur et fédérateur pour promouvoir des transformations urbaines que le seul argument écologique » (The Conversation, 15/08/2024).

Spatialités numériques et géomatique – Méthodes, Modèles et Systèmes spatio-temporels, Environnement et Société

Efficacité énergétique des bâtiments : une modélisation d’hypergraphe pour réduire les émissions carbone des logements grâce à une meilleure occupation des espaces. Les moyens mis en œuvre pour une meilleure efficacité énergétique des bâtiments se concentrent sur l’isolation, les matériaux et l’équipement. Cette étude utilise « un nouveau modèle d’hypergraphie qui intègre l’organisation des espaces du bâtiment et facilite la création automatique de plans. Elle démontre que la rationalisation de l’espace est plus efficace que l’amélioration de l’enveloppe en termes d’émissions de carbone », mais aussi, dans certains cas, en termes d’accès à la lumière du jour (Nature Communications 15, 27/09/2024).

« Le faux miroir de l’objectif : enquête sur la fabrication des données spatiales ». « Une analyse de l’utilisation des drones et satellites principalement par l’aide humanitaire a été réalisée, avec une attention particulière au terrain syrien. Avec l’objectif de contribuer aux recherches sur les données spatiales grâce à une enquête anthropologique de la fabrique même de leurs outils, il s’agit 1) de montrer comment se fabriquent ces données dans la sphère civile et humanitaire, 2) d’en offrir un panorama d’usages pour l’analyse de l’espace politique, notamment en matière d’information, de surveillance, de prévention des risques et des crises, puis 3) de s’interroger d’un point de vue critique sur la nature même de ces données spatiales, faux miroirs du réel et vécus comme tels par leurs utilisateurs, mais devenus de redoutables outils de pouvoir et de contre-pouvoir, voire des armes de guerre » (L’Espace Politique, 51-52 | 2023-3/2024-1, 01/09/2024).

« La frontière vue du satellite : étude du territoire transfrontalier de Khorgos à l’aide des ondes infrarouges ». « Cette étude sur l’espace frontalier de Khorgos entre le Kazakhstan et la République populaire de Chine aura comme objectif de montrer une nouvelle image des mutations territoriales de cette région, en évolution permanente depuis la progressive ouverture de la Chine vers ses voisins post-soviétiques et notamment depuis l’officialisation des Nouvelles routes de la soie, en 2013. Cette analyse territoriale sera portée notamment par le traitement d’images satellite infrarouge. Des proches infrarouges jusqu’aux infrarouges thermiques, l’utilisation de cette partie du spectre électromagnétique permettra de comprendre de nouveaux éléments sur ce territoire et d’améliorer l’analyse géopolitique, avec des informations normalement non accessibles à œil nu » (L’Espace Politique, 51-52 | 2023-3/2024-1, 01/09/2024).

Objets et urbanisation – Usages, fabrications et représentations

« Les héritages urbains de la période socialiste en Pologne et Roumanie : patrimonialiser l’ordinaire dissonant ? ». « La chute des régimes communistes en Europe médiane en 1989 a eu des effets retentissants sur les conceptions et les usages du patrimoine. En effet, dans l’immédiat postsocialisme, l’attention s’est d’abord portée sur les symboles les plus visibles de l’ordre politique déchu voués à la destruction, tandis que les héritages antérieurs à 1945 ont été repatrimonialisés. Mais les héritages matériels de la période communiste visibles dans l’espace urbain sont présents également dans les odonymes, des bâtiments utilitaires (usines, magasins, édifices culturels, etc.) ou résidentiels, construits entre 1945 et 1990, qui constituent des éléments de l’environnement urbain quotidien. Indépendamment de leur portée symbolique, nous nous intéressons dans cet article à ces héritages ordinaires du passé socialiste. La question des temporalités de leur patrimonialisation se pose de manière singulière : immédiatement détruits pour certains, le temps laisse place à la banalisation, voire à l’oubli pour d’autres, ou à l’inverse ouvre la voie à une possible patrimonialisation » (Temporalités, 39 | 2024, 11/10/2024).

« De l’urbex au tourisme de l’abandon : nouveau regard sur les marges urbaines » : « Explorer l’hôpital désaffecté d’Ellis Island, la zone d’exclusion de Tchernobyl ou les friches de Détroit et Berlin : le « tourisme de l’abandon » a le vent en poupe, se réappropriant les codes de l’urbex (ou exploration urbaine). Ce phénomène témoigne d’un changement de regard sur les marges urbaines » (AOC, 27/09/2024).

📻 « La juste taille des villes » : « Mégalopoles, villes utopistes ou conviviales, villes médiévales italiennes ou écovillages d’aujourd’hui, quelle est la ” taille idéale” de la ville pour “faire commune” ? Réflexions sur la ville avec le philosophe Thierry Paquot et l’historien Patrick Boucheron » (France inter, 20/09/2024).

Entretien avec Jordi Colomer : « Il faudrait que les urbanistes soient les habitants eux-mêmes ». « Condensé dans « Crier sur les toits », une œuvre iconique proposant aux citoyen·nes d’occuper les toits terrasses pour prendre la parole, le travail de Jordi Colomer se veut toujours participatif. Conçue comme une ville, l’importante rétrospective que lui consacre le MACBA, musée d’art contemporain de Barcelone, offre aussi l’occasion d’un retour plus théorique sur le parcours de l’artiste catalan » (AOC, 31/08/2024).

Recherches en situation pluridisciplinaire – Enjeux, positions, débat

« Casser leurs machines, fabriquer les nôtres ». « Comment lutter contre l’industrialisation du monde sans défendre, en creux, un retour à un ordre supposément naturel ? Critiquer certaines technologies sans stigmatiser celles et ceux qui en dépendent au quotidien ? Entretien avec des membres de l’organisation du festival du livre Livrosaurus Rex, sur le thème de la critique des technologies et de l’industrialisation du monde » (Terrestres, 05/09/2024).

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