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Veille #4 Environnement Ville Société

“MOTORSTUDIES_DTB” (2016) © François Bellabas (Rencontres 2024 – Arles)

Septembre 2024 – Une sélection pluridisciplinaire d’articles scientifiques et généralistes de l’actualité qui contribuent à l’analyse des dynamiques et des enjeux de changement entre environnement, ville et société.

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Faire territoire, faire société

“Picnics with the Dead: The Cemetery as a Third Place”: les cimetières comme tiers-lieux. « De nombreux cimetières s’efforcent d’accueillir les visiteurs pour socialiser, se détendre et se rencontrer de manière informelle mais porteuse de sens, ce qui correspond au rôle de tiers-lieu. Les cimetières de Laurel Hill à Philadelphie et de Graceland à Chicago en sont deux exemples » (Talk Death, 09/07/2024).

« La forêt amazonienne est aussi urbaine » : « L’écosystème de la forêt tropicale humide abrite également de vastes zones urbaines comptant des dizaines de millions d’habitants (leur nombre a été multiplié par 7 depuis 1970), dont les besoins et les difficultés sont souvent à peine mentionnés dans les discussions sur l’Amazonie ». L’article se concentre sur la ville de Belém qui accueillera la COP30 en 2025. « 35 % de ses 1,3 million d’habitants vivent dans l’extrême pauvreté et 83 % dans des logements où il n’y a aucun dispositif de traitement des déchets » (Bloomberg, 01/07/2024).

« Agricultures urbaines au Sud et au Nord. Conformer les agricultures, fabriquer la ville ». Un numéro consacré aux diverses formes d’agriculture urbaine, au Nord et au Sud, qui « s’insinuent en « agrarisant la ville », avec des adaptations inégales – souvent lacunaires – des cadres règlementaires et urbanistiques, avec des répercussions variées sur la morphologie urbaine, avec une diversité d’acteurs (agricoles, politiques et issus de la société civile) et de pratiques habitantes, etc. » (Territoire en mouvement, N°61-62, 27/06/2024).

« Suivre les pierres » : un numéro consacré aux pierres du point de vue de l’anthropologie. « Au-delà de l’économique, du symbolique ou du rituel, quelles relations aux pierres se déploient ? » (Techniques & cultures, N°79, 01/06/2024).

© Double Double Magazine

Socio-écosystèmes

Une série de 6 articles sur la forêt : « Les forêts mondiales couvrent un tiers des terres émergées. Bien qu’elles nous rendent de précieux services, elles n’ont jamais été autant sous pression. Au point de nous mettre parfois face à nos contradictions, entre forêts sanctuarisées et forêts (sur)exploitées ». « La forêt au défi du changement climatique », « La forêt, un réservoir de biodiversité fragilisé », « La forêt amazonienne est habitée depuis toujours », « Dix-mille ans d’histoire de la forêt », « Quelle forêt pour demain ? » (CNRS Le journal, 15/07/2024).

Restauration de mangroves et stockage du carbone : une étude qui compare les performances des mangroves restaurées en matière de séquestration du carbone et celles des mangroves intactes. Au bout de 40 ans, les capacités de stockage de carbone de la biomasse des mangroves restaurées culminent à 75% de celui des mangroves intactes. Cette étude montre également que « la plantation d’espèces variées maximiserait l’accumulation de carbone dans la biomasse par rapport à des plantations monospécifiques » (Science Advances, 05/07/2024).

« Forêts : quels futurs ? » : « Dans nos contrées encore tempérées, on imagine la forêt comme lieu d’évasion temporaire, territoire à rendre à la vie sauvage, ressource à exploiter durablement ou encore moyen de décarbonation de nos économies… Les forêts d’ici et d’ailleurs témoignent de la diversité des dégradations écologiques : perte de biodiversité, artificialisation des sols, surexploitation industrielle… Les risques socioécologiques qui pèsent sur elles, de même que les ” solutions ” qu’elles permettent d’envisager, sont désormais des enjeux cruciaux. Mettant à distance technicisme et fantasme d’une pure nature, ce numéro présente des expériences alternatives de travail et de vie avec, dans ou par les forêts, dans les Nords et dans les Suds, afin d’inventer des usages plus respectueux ou d’en faire le socle d’une pensée politique où égalité, habitabilité et coexistence régissent les rapports entre humains, mais aussi entre humains et non-humains » (Revue Mouvements, printemps 2024).

La « nature sauvage » peut-elle être construite par des mains humaines ? « Les îles de l’archipel de Marker Wadden, aux Pays-Bas, ont été construites avec de la boue et du sable extraits du fond du Markermeer, un lac “mort” qui s’est formé lorsqu’un bras de mer salé a été endigué. “C’est comme un simulacre, une copie de quelque chose qui n’a pas de véritable original, car il n’y a jamais eu d’archipel d’eau douce dans cette région”, note Eric Higg, spécialiste du réensauvagement. Ce projet coûteux soulève des questions sur ce que la restauration écologique peut accomplir. “Ce qui me plaît dans Marker Wadden, c’est qu’il ne s’agit pas de restaurer les caractéristiques du passé, mais de se tourner vers l’avenir et de se demander ce que l’on peut faire pour améliorer la biodiversité aquatique”, explique l’écologiste Liesbeth Bakker » (Nature, 26/04/2023).

“White River, Badlands, Dakota du Sud”, série “Fleuves Océan – Mississippi, 2022” © Nicolas Floc’h (Rencontres 2024 – Arles)

Flux et circulations – Matières, énergie, déchets et territoires

« De l’extractivisme souverain » : « Ce qui se joue dans la destruction du monde qu’opère le mode de production extractiviste, c’est une opération de déchiffrement qui réduit l’environnement à la matière. En examinant comment l’État moderne, armé du principe de souveraineté territoriale, a porté ce déchiffrement dans l’espace (à l’échelle planétaire) et dans le temps (par l’idéologie du progrès), il devient peut-être possible d’envisager ce qui favoriserait une sortie de l’extractivisme » (AOC, 29/08/2024).

En Ouganda, « la décharge de Kiteezi, située dans un quartier du nord de la capitale, s’est effondrée à la suite de fortes pluies. Des habitants, des habitations et des animaux d’élevage ont été ensevelis sous des montagnes de déchets »(Le Monde, 11/08/2024). Pour compléter, écoutez ma chronique anthropocène “Ordures”: “Plongeons dans la benne de nos déchets, ces spectres qui reflètent nos désirs, nos obsessions, nos peurs. Parlons de ce qui nous dégoûte, mais aussi de celles et ceux qui nous dégoûtent. Parlons de nous et de nos fantômes, des ordures”. Cette chronique mentionne le film satirique de science-fiction Idiocracy (2006) qui imagine un monde “à rebours du progrès infini que l’idéologie moderne nous a vanté. Les humains y sont devenus incapables de gérer leurs déchets. Le film s’ouvre sur la Grande Avalanche d’Ordures de 2505 : l’effondrement d’une montagne d’immondices digne de l’Everest” (Anthropocene2050).

“Deep Float” (2017) © Monira Al Qadiri

Santé et environnements

Pour une théorie du Care appliqué dans les espaces communs de la ville : “Shaping caring cities: A study of community-based mutual support networks in post-pandemic Madrid”. Une étude des réseaux de solidarité nés pendant et après la pandémie de Covid19 à Madrid, leur organisation et leur impact pour lutter contre les vulnérabilités et promouvoir la résilience dans la ville (Journal of Urban Affairs, 11/09/2024).

« Lire les épidémies à partir de ses objets » : sur l’exposition « Épidémies. Prendre soin du vivant » du Musée des Confluences à Lyon jusqu’au 16 février 2025. « L’épidémie, au-delà de sa dimension biologique, est liée à l’ordre social, à ses conséquences environnementales, à la volonté de donner du sens à l’évènement. L’épidémie est le révélateur des rapports de pouvoir qui traversent une société » (AOC, 11/07/2024).

« Le Care, une notion de proximité(s) ? » : un numéro consacré au Care du point de vue spatial. « En reliant la question du Care aux enjeux de proximité, il s’agissait d’inviter à penser une attention dans toutes ces dimensions, de ne pas éviter d’en penser les conflits, les rapports de force. Intrinsèquement présente dans les études de genre, cette notion transcende ce seul rapport social pour devenir une épistémologie spatiale qui permette d’appréhender différents les rapports aux terrains. Le Care est à la fois sujet et méthodologie » (GéoProximitéS, juillet 2024).

“I’ll Melt With You” (2016)  © Josh Keyes

Spatialités numériques et géomatique – Méthodes, Modèles et Systèmes spatio-temporels, Environnement et Société

Une intelligence artificielle hybride pour renforcer les modèles climatiques : « un outil de machine-learning réduit la puissance de calcul nécessaire pour prévoir le climat futur et pourrait nous aider à mieux nous préparer aux phénomènes météorologiques extrêmes. Cet outil, co-développé par Google, combine le machine-learning de l’IA avec les prévisions météorologiques classiques. Il ouvre la voie à des prévisions plus rapides, moins gourmandes en énergie que les outils existants, et plus performantes à long terme que les approches exclusivement basées sur l’IA. “Le problème avec les approches reposant uniquement sur le machine-learning, c’est qu’on ne les entraîne que sur des données qu’elles ont déjà vues”, explique Scott Hosking, chercheur en IA. “Le climat change continuellement, nous allons vers l’inconnu, et nos modèles de le machine-learning doivent donc extrapoler vers cet avenir inconnu” (Nature, 23/07/2024).

« Expériences du paysage et pratiques numériques » : nouveau numéro de la revue Projets de Paysage qui « explore les pratiques numériques et la manière dont elles modifient (ou non) les façons d’arpenter les paysages, de les comprendre, de les représenter, de les projeter, de les raconter ou tout simplement de les partager » (Projets de Paysage, n°30, 15/07/2024).

“Delta du Mississippi, Bayou, Louisiane”, série “Fleuves Océan – Mississippi, 2022” © Nicolas Floc’h (Rencontres 2024 – Arles)

Objets et urbanisation – Usages, fabrications et représentations

Comment concilier les injonctions de densité et de végétalisation ? « Addressing the sustainable urbanism paradox: tipping points for the operational reconciliation of dense and green morphologies » : « En analysant 11 593 parcelles dans l’agglomération lyonnaise à l’aide d’une approche systémique, nous avons identifié des points de bascule en matière de morphologie et d’écologisation. La densité n’explique que 6 % de la végétalisation des parcelles, tandis que la morphologie et l’aménagement paysager en expliquent 94 %. Nous avons identifié un ratio d’espace ouvert (surface non bâtie/surface de plancher) > 0,3 comme un seuil morphologique pour bénéficier d’espaces végétalisés durables. Des morphologies opérationnelles équilibrant la densité et la végétalisation en fonction de la hauteur des bâtiments ont été modélisées et illustrées, ce qui fournit des lignes directrices pour les outils réglementaires émergents en matière de planification urbaine durable » (Nature, 24/07/2024).

Les éoliennes seront-elles un jour les éléments bucoliques du paysage ? Cet article entre histoire des techniques et histoire des représentations rappelle qu’il fut un temps où les moulins à vent ont eux aussi représenté le surgissement monstrueux de la technologie dans le monde champêtre, avant d’en devenir un des symboles. Le problème, c’est que les éoliennes sont aujourd’hui imposées et perçues comme des équipements. « Elles sont toutes pareilles, omniprésentes et anonymes, des objets bizarres qui s’imposent au milieu d’un paysage sans lien profond avec lui. Les éoliennes n’ont rien à nous dire, rien à exprimer ; elles cachent plutôt qu’elles ne révèlent » (aeon, 02/07/2024).

“Mécaniciens près d’Eleyele River, Ìbàdàn” (2023) © Delphine et Elodie Chevalme

Recherches en situation pluridisciplinaire – Enjeux, positions, débat

« Penser les villes et les citadinités par le dessin ». « Les récits sensibles des habitant.es sont empreints de métaphores : quand on parle de la chaleur, et de ce que provoque la chaleur sur le corps, sur le logement, sur les déplacements à l’extérieur… ça donne des discours très imagés, donc c’était pour moi pertinent de les dessiner. Pour exprimer des sentiments d’injustice, d’inégalité vécue, j’ai trouvé pertinent de passer par des modes de transcription plus sensibles et moins traditionnels comme le dessin. Je trouvais que ces sentiments d’injustice et d’inégalités que les habitant.es pouvaient me décrire étaient très imagés. Et puis le dessin peut être un outil de mise en débat moteur autour de ce sujet d’injustice » (EchoGéo, 30/03/2024).


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Bérénice Gagne (22 septembre 2024). Veille #4 Environnement Ville Société. La veille Environnement Ville Société. Consulté le 1 novembre 2024 à l’adresse https://veilleevs.hypotheses.org/437


Par Bérénice Gagne

Bérénice Gagne est chargée de veille et de valorisation scientifique au sein de l'UMR 5600 Environnement Ville Société.